Multilinguisme et multiculturalisme


Bruno Rochette

La stratégie langagière du code-switching chez les épistolographes latins tardifs. Recherches sur une pratique du bilinguisme gréco-latin des élites romaines de la fin de l’Antiquité.

Dans le monde romain, les membres de l’élite de la République et de l’Empire recourent volontiers, dans leurs missives, à différentes stratégies langagières pour donner à leur message plus de force en vue de construire des identités. Une de ces stratégies repose sur le bilinguisme de la classe supérieure : il s’agit du code-switching (CS), défini comme « varied combinations of two or more linguistic varieties… languages or dialects in the same conversation or sentence by bilingual people » (P. Gardner-Chloros). Le passage du latin au grec (qu’il faut bien distinguer de l’emprunt et de l’interférence était en effet une réalité linguistique pour l’élite romaine non seulement dans le domaine littéraire, mais aussi dans le discours oral (Rollinger 2015). Cette stratégie traverse toute la latinité, depuis Plaute jusqu’aux auteurs de l’époque tardive. Ce phénomène très caractéristique des lettres a été bien étudié pour l’époque républicaine et impériale jusqu’à Marc Aurèle. Les épistolographes latins tardifs (IVe-Ve s.) sont davantage restés dans l’ombre : Ausone (mort en 395), Symmaque (2ème moitié du IVe s.), Jérôme de Sidon (mort en 420), Augustin de Thagaste (354-430), Sidoine Apollinaire (430-482). Ces auteurs connaissent le grec et s’adressent généralement à des correspondants qui le connaissent aussi, mais ils entretiennent avec cette langue un rapport différent de celui de leurs prédécesseurs. C’est ce rapport qu’il convient de mieux cerner.

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